samedi, juin 23, 2007

Mondialisation dans l'artisanat

Vivre de l'artisanat ?


Chacun apprécie le travail artisanal bien fait, surtout aujourd'hui où tout se trouve si vite standardisé et fabriqué en série. On regrette parfois l'objet réalisé avec savoir faire et avec soin. Comme tous les artisans, les fournisseurs de Tahiti Rimai sont attachés à leur art. Ils
ont reçu et ils perpétuent souvent un savoir-faire ancien. Bien des fois, surtout aujourd'hui, ils perfectionnent les techniques anciennes, inventent de nouveaux modèles, adaptent leur savoir faire aux critères d'aujourd'hui.

Les artisans de Tahiti, qui collaborent avec Tahiti Rimai sont engagés dans cette démarche. Mais cela nécessite du temps, en plus du savoir faire. Un temps qui ne sera pas forcément rentable à court terme. Il faut du temps pour dessiner de nouveaux modèles, réaliser une maquette, les produire, et enfin il faut encore le vendre, sinon on a travaillé pour rien. En les aidant à faire connaître leurs produits à l'extérieur de la Polynésie, Tahiti Rimai les aide à élargir leur marché.

Coquille d'huître polie

Pour améliorer la compétitivité, des artisans de Tahiti collaborent. Certains par exemple produisent des pièces de nacre. Cela représente un travail non négligeable : il faut nettoyer la coquille d'huître, puis la poncer avec un grain de plus en plus fin pour obtenir enfin la nacre utilisable pour faire les bijoux. Ensuite, il faut la découper pour fabriquer les pièces, les percer pour les assembler. Le tout accompagné de ponçages répétés. Bien sûr, les artisans se sont équipés de petites machines pour ce travail. Il reste néanmoins fastidieux, sans compter que les ponçages répétés dégagent une poussière très fine et irritante qu'il faut évacuer de l'atelier. Une fois les pièces de nacre préparées, il y a parfois l'étape de la gravure. Très peu d'artisans la pratiquent encore. Certains ateliers haut de gamme se sont équipés de machines à graver au laser, pilotés par ordinateur. coquille d'huître gravée à l'intérieur de motifs de tatouagesCela permet de produire des séries de pièces, mais on perd forcément un peu du côté artistique de la gravure réalisée à la main.


Certains artisans achètent les pièces de nacre dans les magasins, où ils sont vendus très peu chers, car ils ne sont pas fabriqués en Polynésie, mais ... en Chine ou d'autres pays où la main doeuvre est peu chère !.
En effet la nacre (coquille de l'huître perlière principalement) est exportée depuis longtemps vers la Chine où elle servait à fabriquer des boutons en particulier. Maintenant, on fabrique aussi de petites pièces de nacre de formes simples (des carrés, des ronds, des losanges,...) ou de formes standards (une fleur, motifs géométriques...), et ces pièces sont importées à Tahiti pour servir à la confection de bijouterie artisanale. Un artisan me disait que très peu de personnes fabriquent ces pièces simples à Tahiti, car elles seront plus chères que celles importées... Les arcanes du commerce international touchent aussi le secteur de l'artisanat.
Bon nombre de produits sont achetés à l'extérieur, car moins chers que s'ils étaient produits localement. Cela se comprend, car le prix de vente de l'article fini sera ainsi plus compétitif et la marge meilleure, mais à long terme, cela enlève du travail à des producteurs locaux qui ne peuvent pas s'aligner sur ces prix bradés, car ils travailleraient à perte. A long terme aussi c'est un savoir faire qui disparaît, et la créativité va s'en ressentir. Puisqu'on fera des colliers avec les pièces standardisées disponibles (et importées), au lieu d'en créer de nouvelles. Il y a aussi l'impact économique, car de petits ateliers familiaux à Tahiti risquent de s'arrêter, faute de débouchés.

Les artisans de Tahiti Rimai sont très attachés à la créations. Ils créent eux-mêmes leurs modèles et donc fabriquent ou font fabriquer leurs pièces en Polynésie. Nous avons choisi de ne travailler qu'avec des artisans locaux qui privilégient le travail local. La Polynésie ne dispose pas de ressources naturelles, ou de richesses propres. Il est donc important de permettre aux habitants d'avoir une activité pour subvenir à leurs besoins ou à améliorer leur niveau de vie.

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Commerce équitable en action

Tahiti Rimai a été construit sur les bases du commerce équitable.

Le commerce équitable concerne le plus souvent des pays pauvres ou émergents, pourquoi la Polynésie, et ses atolls merveilleux, ses vahine et ses habitants si accueillants ?


C'est là que le mythe polynésien joue contre ces Iles merveilleuses. L'essentiel des ressources de la Polynésie est composé des transferts de l'état français (fonctionnaires, aides, retraites). La Polynésie ne dispose pas de ressources naturelles. Sa nature et la beauté de ses paysages sont mondialement connues, ainsi que la gentillesse de ses habitants. Et ce sont bien là sa richesse.
Le développement de la Polynésie s'est fait de manière très accélérée et à travers des actions internationales qui ont apporté aux Iles et à leurs habitants (au moins à certains) des ressources énormes et faciles, mais le développement n'a pas toujours suivi. Pendant très longtemps, la Polynésie n'était accessible que par mer, et était essentiellement rurale et agricole.


Quelques exemples :

L'exploitation du phosphore de l'atoll de Makatea : des milliers d'emplois pendant la durée d'exploitation (arrètée dans les années 50).


La base de ravitaillement américaine de Bora Bora : La "perle du Pacifique", (nom de Bora Bora) a été coupée du monde et des autres Iles de la Polynésie pendant la seconde guerre mondiale. L'armée US, avec l'autorisation du général de Gaulle, y a construit une base d'approvisionnement pour ses navires du Pacifique. Le port a été aménagé, la passe d'entrée dans le lagon élargie, l'aéroport construit (seul aéroport de la Polynésie jusque dans les années 60). 3-4000 soldats US ont vécu et travaillé à Bora Bora, qui jusque là était une Ile essentiellement agricole avec 1000 - 2000 habitants, jusqu'à la fin des hostilités. La population a donc trouvé des ressources faciles pendant cette période et l'armée US a laissé une bonne partie des installations à leur départ. Le séjour des GI's a aussi beaucoup contribué à l'attrait de la Polynésie pour les habitants des Etats Unis.


Le tournage du film "les révoltés de la Bounty" avec Marlon Brando. Holliwood a débarqué avec tous ses moyens et ses dollars. Beaucoup d'habitants ont été recrutés comme figurants ou acteurs, beaucoup ont bénéficié des retombées indirectes liées à l'arrivée de plusieurs centaines de personnes qu'il fallait loger, nourrir, accueillir. Marlon Brando,lui même, a d'ailleurs succombé au charme polynésien d'abord en épousant sa partenaire de film (tahitienne) puis en achetant une partie de l'atoll de Tetiaroa où il amait séjourné et où une partie de sa famille est toujours.


L'aéroport de Faa'a Tahiti, a désenclavé la Polynésie et son centre administratif (1960).



Enfin, l'installation du Centre d'Essai du Pacifique dans les atolls de Mururoa et Fangataufa ont fait venir en Polynésie des milliers de personnes, militaires, spécialistes en tous genre, intendance, administrations .... et beaucoup d'argent. Le CEP a donc donné un grand essor au commerce local, et fourni un très grand nombre d'emplois aux habitants. L'administration s'est beaucoup développée.



Les essais nucléaires sont terminés depuis longtemps (heureusement). Les militaires sont repartis, mais cela a rendu la situation économique difficile. Habituée à des transferts d'argent énormes, et faciles, la Polynésie ne s'est pas développée harmonieusement, les infrastructures n'ont pas suivies. De nombreuses communes de Tahiti (Ile principale qui regroupe 75% de la population totale) ont l'eau courante, mais non consommable car insuffisamment traitée, les eaux usées ne sont pas traitées, les routes sont asphyxiées, l'urbanisme est chaotique. Tout le monde n'a pas profité des retombées financières de ces grands chantiers, pour toute sortes de raison.



Aujourd'hui, de gros efforts sont faits. Le tourisme est très valorisé, mais est sujet aux aléas de l'économie mondiale car liée au transport aérien essentiellement. La perliculture a été développée avec un certain succès, et à côté des gros producteurs qui dominent le marché, de petits producteurs trouvent leur place.



L'artisanat est resté très vivant. Un attrait pour les touristes, mais aussi un complément de revenu pour bien des familles. Ses débouchés sont le marché local des résidents et le marché touristique. Assez peu est exporté, car les artisans n'ont pas accès facilement à l'export. Participaer aux diverses manifestations (expositions, ventes, concours) a un coût non négligeable pour les artisans.
C'est là l'aide que Tahiti Rimai apporte en permettant aux artisans d'accéder au marché international de manière simple, sûre et sans frais, en garantissant un prix équitable pour leur création et le paiement de leur travail, et en respectant leur créativité et leur mode de fonctionnement individuel.

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